Sian signifie cicatrice en wobé, langue de Côte d’Ivoire. Dans un solo incandescent, ce sont ses propres cicatrices que Tatiana Gueria Nade, danseuse et chorégraphe ivoirienne, laisse sourdre par tous les pores de sa peau. Sur scène, elle déploie une gestuelle libératrice, une rage qui explose dans les convulsions du corps. Ce corps-là exprime les strates d’une histoire mise à nue, celle des abus sexuels, des coups, de la domination masculine, de l’indifférence coupable. Portant un manifeste qu’elle a écrit en bambara et accompagnée en voix off d’une interview de Delphine Seyrig, datant de 1972, la danseuse livre une performance cathartique, qui dénonce les violences faites aux femmes et libère les maux de leur invisibilité pour aller vers une nécessaire émancipation.